Focus : deux enseignantes-chercheuses font leur entrée à l'IUF

Pour un enseignant-chercheur, intégrer l’Institut Universitaire de France (IUF) est une reconnaissance de la richesse de ses travaux d’enseignement et de recherche. Au-delà de l'aspect honorifique, il s’agit aussi d’une opportunité unique d’établir des partenariats avec des homologues internationaux. Entretien croisé avec deux femmes scientifiques de l’Université Gustave Eiffel élues en 2020 membres de l'IUF pour cinq ans : Nacima Baron, enseignant-chercheur, cofondatrice du Laboratoire Ville Mobilité Transport (LVMT) dès 2002, et Juliette Azoulai, jeune maîtresse de conférences en littérature française au LISAA.

Juliette Azoulai
Nacima Baron

Quelles sont vos spécialités respectives ?

Juliette Azoulai : Ma thèse m’a notamment conduite à travailler sur l’articulation entre médecine et littérature et à aborder les questions de l’animalité et du vivant. Par la suite, j’ai approfondi ce lien entre biologie et littérature et cherché à comprendre l’élaboration d’un imaginaire culturel commun à la littérature et aux sciences de la vie au 19ème siècle.

Nacima Baron : Mes recherches articulent géographie et études urbaines. Je travaille plus particulièrement sur la relation entre la ville et ses environnements naturels et technologiques, dans une approche de géographe. Ces dix dernières années, je me suis intéressée à des objets urbains spécifiques : les lieux de mobilité (pôles d'échanges, grands hubs ...).

Pour quels travaux avez-vous été nommée membre de l’IUF ?

Juliette Azoulai : Mon projet s’intéresse à l’écriture de la vie sous-marine dans la seconde moitié du 19ème siècle, à une époque où la discipline de l'océanographie est en voie de constitution. Il s’agit donc de mettre au jour les différentes valeurs du vivant et de la vie qui se rattachent à la connaissance et à l’imaginaire du monde sous-marin, dans une optique à la fois philosophique, anthropologique, politique et esthétique.

Nacima Baron : Mes recherches renforcent des travaux en cours autour des centres et des périphéries métropolitaines Je travaille sur la mise en mouvement de l'urbanisme, c'est-à-dire sur la manière, toujours singulière et conditionnée par des enjeux locaux, dont les acteurs institutionnels, privés mais aussi les usagers s'approprient collectivement des ressources pour conduire le changement.

Quelles nouvelles perspectives vous ouvre l'IUF ?

Juliette Azoulai : Je vais disposer de plus de temps pour mes recherches ainsi que de nouvelles possibilités de financement (voyages d’études, déplacements dans des congrès scientifiques…). Je vais notamment pouvoir organiser des événements scientifiques, avancer dans le dépouillement de mon corpus et préparer mon futur livre.

Nacima Baron : Cette nomination est l’occasion de conforter des partenariats internationaux déjà bien engagés. Je souhaite également organiser des colloques et des séminaires avec des acteurs de terrain. J’ai aussi à cœur de proposer des initiatives d’enseignement innovantes de niveau Master et Doctorat.

Comment accueillez-vous cette distinction ?

Juliette Azoulai : Je suis heureuse, honorée et très reconnaissante envers l’Université Gustave Eiffel. Sans les encouragements et le soutien de mes collègues du département de lettres, je n’aurais jamais eu l’idée ni l’audace de présenter ma candidature.

Nacima Baron : J’ai ressenti une émotion toute particulière à l’annonce de cette nomination. En effet, j’ai moi-même réalisé toutes mes études, puis ma carrière, dans cette université. Cela fait donc trente ans que j’évolue sur le campus. Une vie d’études et de recherches aujourd’hui distinguée.