La parole à… Valérie David

Valérie David © Eiffage

Valérie DavidDirectrice développement durable et innovation transverse, Eiffage

Comment se traduit le partenariat développé entre Eiffage et l'Université Gustave Eiffel ?

Valérie David : Nos équipes des métiers de la Route collaborent depuis de nombreuses années avec, d’abord, le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, devenu l'Ifsttar puis, aujourd’hui, l’Université Gustave Eiffel. Les noms changent, les structures se transforment mais l’appétit pour les coopérations scientifiques persiste. De part et d’autre, c’est la passion de nos métiers qui nous anime. Nous entretenons avec l’université une relation de confiance qui s’est tissée sur le long terme. Ce temps long, rare dans le monde de l’entreprise, permet de porter à maturité des projets qui pourraient être malmenés par la dictature du court terme. Parmi nos collaborations emblématiques, citons le projet I-Street lancé dans le cadre du programme Route du Futur de l’ADEME, le projet ENA d’expérimentation de navettes autonomes et, plus récemment, le programme E3S mené sur le chantier de LaVallée à Châtenay-Malabry.

Que représente le programme E3S pour Eiffage ?

V. D. : C'était d'abord un pari. Mettre en place un programme de recherche-action autour de la ville durable, avec 60 enseignants-chercheurs et des étudiants, tout en réalisant un chantier de plusieurs milliards d’euros représentait un grand saut dans l’inconnu. Nous nous sommes lancés dans l’aventure car le projet nous semblait pertinent mais aussi car nous avions une grande confiance en l’Ifsttar. Aujourd’hui je ne peux que nous féliciter d’avoir relevé ce défi. Faire de la recherche en même temps qu’un chantier permet de mettre directement en œuvre des innovations. Par ailleurs, ce projet nous a beaucoup appris sur notre maturité, nos marges de progrès et notre capacité à faire de la recherche et du développement sur la ville durable. Je pense que tout le monde est satisfait de cette expérience et j’espère qu’il y en aura de nouvelles sur d'autres territoires.

Essais sur pistes pour la sécurité des passagers debout réalisés à Transpolis dans le cadre du projet ENA "Expérimentations Navettes Autonomes". © Université Gustave Eiffel - Sophie Jeannin

Quelles perspectives vous ouvre votre collaboration avec l’Université Gustave Eiffel ?

V. D. : Ce qui est vraiment intéressant avec l’université, c’est son approche systémique de la ville durable. Elle fait intervenir de manière simultanée des compétences dans les domaines des sciences humaines et sociales, des matériaux, du numérique ou encore de la physique au profit d’un objet vivant et évolutif. Dans le cadre du programme E3S, nous organisons des ateliers sur la gestion de l’eau ou la recarbonatation des bétons, des sujets de nature à modifier l'économie de la construction. Nous collaborons également sur les îlots de fraîcheur : comment capter la chaleur en journée et la restituer la nuit à travers des choix de matériaux de revêtement, de la végétalisation ou la présence d’eau ? Les chercheurs nous permettent d’avoir des données scientifiques solides afin de garantir des résultats à nos clients. Cette collaboration avec l’université a enfin été l’occasion de nous recentrer sur les bénéficiaires finaux, les habitants, et leurs usages. Avec des étudiantes et étudiants, nous nous sommes par exemple interrogés sur la manière de communiquer sur les enjeux de biodiversité auprès des habitants. Nous avons également organisé des ateliers d’écriture sur la question du bienêtre en banlieue parisienne. Nous n’aurions jamais fait cela sans le département de Sociologie et des enseignants-chercheurs. L’un de mes objectifs aujourd’hui est de travailler sur des indicateurs de bien-être pour tous nos projets d’aménagement urbain.