Témoignage : success story d’une collaboration entre In&motion et le LBA

Pierre-Francois Tissot, cofondateur de la start-up In&motion © Studio Alban Nieroz

Entretien croisé avec Pierre-François Tissot, cofondateur de la startup In&motion, et Pierre-Jean Arnoux, directeur du LBA (laboratoire de biomécanique appliquée). Les deux hommes ont collaboré en 2020 dans le cadre du développement d'airbags intelligents pour motards.

Pouvez-vous nous en dire plus sur In&motion ?

Pierre-François Tissot : Créée en 2014 par 3 ingénieurs de l’ECAM, In&motion conçoit des systèmes de protection airbag pour motards, cavaliers et skieurs, capables de réduire les blessures en cas de chute ou d’accident. Notre produit phare est l’airbag pour motards. Notre philosophie est de chercher des solutions existantes pour les adapter aux enjeux qui sont les nôtres, à savoir qu’il y ait le moins de blessés et tués sur la route.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Pierre-François : Concrètement, ce qui nous a fait connaître le LBA c’est la lecture d’articles publiés sur la protection des deux-roues motorisés. Nous avons détecté chez eux un niveau de compétences important qui nous a amenés à les contacter. À l’époque nous n’étions que trois, notre temps consacré à la R&D était très limité, nous avons donc contacté Pierre-Jean Arnoux, le directeur du LBA pour une prestation d’expertise. Nous avons été séduits par leur volonté de travailler avec une petite entreprise comme la nôtre. Grâce à leur réactivité dans les échanges, les choses se sont faites très rapidement.

Quels sont les avantages à travailler avec un institut de recherche ?

Pierre-François : Notre projet nécessitait trois savoir-faire : la modélisation, les crash-tests grandeur réelle et une expertise biomécanique très pointue. Tous ces éléments sont extrêmement difficiles à réunir au sein d’une seule et même structure. Les connaissances pluridisciplinaires d’un institut de recherche permettent de bénéficier de compétences très diverses qui sont rarement regroupées au sein d’une entreprise, y compris dans un grand groupe. Cela correspondait donc parfaitement à nos besoins.
Ensuite, l’Université Gustave Eiffel est pleinement connectée à son écosystème ce qui est aussi un avantage notable. Il est vrai que nos clients directs connaissent peu votre université, néanmoins, avoir le « tampon » Université Gustave Eiffel a été un point important auprès des assureurs par exemple.

Enfin, d’un point de vue financement, le LBA a contribué à la faisabilité de notre projet : que ce soit en apportant son aide dans l’obtention d’un financement européen ou en se montrant flexible sur la facturation en attendant que nous ayons la trésorerie nécessaire pour régler certaines factures.

Il y a une différence flagrante entre travailler avec un bureau d’étude ou travailler avec un institut de recherche. Quand on travaille avec un bureau d’étude, on se met d’accord sur un cahier des charges avec des échéances à court terme, quand on travaille avec un institut de recherche, on accepte de s’investir sur le long terme. Le travail de recherche peut nous mener sur d’autres chemins que ceux prévus au départ. Le laboratoire a la possibilité d’être plus flexible et d’allouer plus rapidement les bonnes ressources pour approfondir les sujets qui n’étaient peut-être pas prévus au départ. Quand on développe un produit disruptif, il faut aussi savoir prendre le temps de pousser les investigations et d’ouvrir des brèches.

Quels sont les avantages pour les chercheurs à travailler avec des PME ?

Pierre-François : Les chercheurs doivent comprendre que petite entreprise ne veut pas forcément dire absence de cash, au contraire, les PME ont une puissance de levée de fonds parfois supérieure aux grands groupes pour investir en R&D. Les équipes R&D des grands groupes sont souvent plus petites que celles des start-ups sur un sujet pointu… De plus, contrairement aux grands groupes qui ont des services juridiques et des accords de confidentialité plus contraignants, les PME hésitent peut-être moins à confier des thésards au LBA.

Pierre-Jean Arnoux : Il y a plusieurs avantages. Premièrement, la collaboration est essentielle car cela nous permet de soutenir la dynamique du laboratoire en termes de formation à la recherche en offrant des financements de thèses. Ensuite, ça permet d’accompagner la mise en place de solutions pratiques et utiles et donc d’avoir une utilité sociale importante. C’est un élément important pour beaucoup de chercheurs du laboratoire.

Quels sont les obstacles à travailler avec un institut de recherche ?

Pierre-François Tissot : Le temps de l’entreprise n’est pas celui de la recherche, il faut que cela soit explicité clairement aux partenaires. Le calcul de rentabilité doit être mesuré de façon globale, il n’est pas pertinent de ne prendre en compte que le paramètre financier. Travailler avec un institut de recherche apporte aussi du poids en termes de crédibilité, d’ouverture de portes, etc.

Pierre-Jean Arnoux : Les chercheurs doivent vraiment vivre comme un partenariat la relation avec la PME et accepter une certaine flexibilité en donnant des coups de pouce de temps en temps et en travaillant sur des sujets qui n’étaient pas prévus à la base.